Philippe Auclère : "il est hors de question de laisser les jeunes sans cours"

Philippe Auclère est manager pédagogique de la filière communication imprimée et plurimédia de Gobelins, l’école de l’image.

Gwladys Apedoh, Ambre Lacoua et Serguei Leroux, élèves 2nd BAC professionnel RPIP l’ont rencontré le 13 novembre 2020 en visio.

Avez-vous réussi à assurer tous les cours de la section BAC RPIP ?

J’ai eu très peur parce qu’on a eu l’annonce du confinement le vendredi 13 mars, et ce jour-là il y a eu à peu près deux ou trois enseignants de la filière industries graphiques qui connaissaient l’utilisation de Blackboard, la plateforme qui nous permet d’assurer nos cours en ligne. Il a fallu en très peu de temps informer et former les profs à l’utilisation de Blackboard. Ça s'est donc fait de la façon suivante : lundi on a pris contact avec l’ensemble des profs, on leur a expliqué comment ça allait se passer et mardi on démarrait tous nos cours.

Comment imaginez-vous la suite dans l’établissement avec la mise en place des gestes barrière ?


En fait les gestes barrière on les a mis en place là aussi très vite parce qu’on a la chance d’avoir sur le site un responsable de sécurité qui est extrêmement pointu et qui œuvre très vite dès qu’il a des consignes. Donc dès qu’on a eu les consignes on a mis en place tous les gestes barrière. Au départ on avait pas de gel donc on obligeait les élèves à se laver les mains tout comme on le faisait nous et ça a bien fonctionné.

«Je n’ai pas mesuré ce que ça impliquerait comme travail derrière.

C’est quelques jours après que je me suis rendu compte que ça n’était pas une mince affaire»

Pensez-vous qu’il faudra reprendre les cours en visio ?


On risque bien, parce qu’à un moment si on se retrouve à devenir un cluster au sein de l’école, nous serons obligés de fermer. Et donc on reprendra des cours en visio à ce moment-là, il est hors de question de laisser les jeunes sans cours.

 

Quelle a été votre réaction face à l’annonce du Coronavirus ?


J’ai été très surpris et je n’ai pas mesuré l’ampleur de ce que ça allait engendrer comme gêne au quotidien. Au moment de l’annonce je me suis dit “Tiens, il y a une sale maladie qui nous attend” mais je n’ai pas mesuré ce que ça impliquerait comme travail derrière. C’est quelques jours après que je me suis rendu compte que ça n’était pas une mince affaire.

Personnellement, comment avez-vous vécu tout ça ?


Mal, comme beaucoup de monde dans le sens où me retrouver confiné chez moi c’est quelque chose qui n’est pas forcément facile à accepter. La vie privée et la vie professionnelle se mélangent quand on travaille chez soi. Et puis il y a autre chose, je travaille dans une école parce que j’aime avoir des jeunes autour de moi, j’aime pouvoir sentir la jeunesse, pouvoir la voir et quand on est confinés on ne voit pas cette jeunesse, on a plus personne. Je me suis senti complètement perdu.

Le virus a-t-il affecté votre travail quotidien ?


Largement, au tout début du confinement je travaillais de 7h30 à 19h30 sans arrêt parce qu’il fallait aider l’ensemble des jeunes et des profs ainsi que tous les problèmes que je pouvais avoir au quotidien comme n’importe quelle journée.

 

Avec les vigilances sanitaires, comment cela se passe avec vos collègues ?


Avec les collègues de Gobelins ça se passe bien, on a tous bien compris les enjeux du confinement et du travail en ligne. On a tous été très positifs et bizarrement, on a ressoudé des liens encore plus forts pendant les premiers temps du confinement. A se retrouver chacun chez soi, j’ai animé beaucoup plus de réunions, j’ai eu beaucoup d’échanges avec mes collègues.

 

Quelle a été votre réaction à l’annonce du premier confinement ?


J’ai été surpris, déçu, et j’ai vu qu’il fallait actionner plein de nouveaux leviers de communications.

«On a tous bien compris les enjeux du confinement et du travail en ligne.

On a tous été très positifs et bizarrement, on a ressoudé des liens»

Comment s’est passé votre télétravail ?


Il a déjà fallu s’organiser : trouver le lieu pour pouvoir faire du télétravail. J’ai la chance d’être dans un pavillon mais on était plusieurs à faire du télétravail, donc il a fallu s’organiser pour que chacun trouve sa place. Je me suis installé dans la chambre libre de mon fils.

Et puis il y a tous les problèmes informatiques, quand on a une connexion internet inefficace et un tout petit écran c’est pas terrible. Je me suis donc organisé, j’ai maintenant deux écrans et le télétravail se fait beaucoup plus facilement.

 

Comment avez-vous organisé les cours ?


Et bien on les a organisés tout à fait normalement, c’est-à-dire qu’on a gardé le planning, j’ai volontairement voulu ne rien changer du tout. On les a mis en place exactement comme s’ils étaient sur le site de Gambetta, il a simplement fallu trouver des salles virtuelles pour que les jeunes et les profs puissent faire cours ensemble. L’organisation a été simple à partir du moment où on a gardé le planning identique à celui qui était proposé.

 

Que pensez-vous des règles assez strictes du deuxième confinement ?


Pas grand-chose ma foi (rire)

 

Avez-vous eu des nouvelles de vos proches pendant le confinement ?


Oui bien sûr, c’est dans des situations comme celle-ci qu’on a besoin de se rapprocher de tout le monde, que ce soit avec les collègues ou les proches. Il y a eu beaucoup plus d’échanges via des vidéos, ce qui n’était pas forcément courant auparavant.

 

Est-ce que le gouvernement vous a aidé ?


Oui, le gouvernement nous a aidé car passer en distanciel a été compliqué pour les jeunes qui étaient dans leur année BAC ou leur année BTS. Il y avait tout un tas d’épreuves à réaliser et elles n’ont pas pu se faire en présentiel et pour certains pas du tout donc le gouvernement nous a donné des informations au compte-goutte, à mesure qu’il pouvait nous les fournir.

 

Quelle est la première chose que vous avez faite à la fin du confinement ?


J’ai pris un bon repas au restaurant avec ma famille (rire).

 

Comment avez-vous organisé la reprise des cours après le confinement ?


La reprise ne s’est faite qu’en septembre et s’est organisée comme une rentrée normale.

«Nous appliquerons les consignes avec l’envie d’aider les jeunes dans leur progression scolaire car au final c’est ce qui est le plus important»

Avez-vous organisé une remise des diplômes pour les élèves ?


Non, la remise des diplômes se fera plus tard, confinement oblige.

 

Que prévoyez-vous pour l’avenir malgré la reprise du Covid et du prolongement du confinement ?


Je suis malheureusement incapable de répondre parce que j’espère que nous allons reprendre les cours en présentiel. Les cours en distanciel, c’es quand même compliqué. Si le confinement doit durer et bien j’attendrais les consignes du gouvernement et nous les appliquerons avec l’envie d’aider les jeunes dans leur progression scolaire car au final c’est ce qui est le plus important.

Propos recueillis par :

Gwladys Apedoh

Ambre Lacoua

Serguei Leroux