Ce sujet s’est dessiné durant les deux mois de confinement. J’ai été en proie lors de cette période à une impossibilité totale de produire des images, voir même d’entamer des recherches théoriques sur des sujets me tenant à coeur.
S’est mis en place un rituel. Un système, me permettant de réconcilier avec l’acte photographique. Une rigueur. Je me suis mise à photographier 4 ou 5 fois par jour la même vue. Le même cadre. A savoir la vue de la chambre que j’occupais dans ma maison de famille.
Le rapport au vide et au temps ayant été mis à l’épreuve à ce moment là ,il était primordial pour moi de faire les choses en conscience, en observant le présent. En recensant toutes les facettes de cette chambre, façonnée par la lumière mouvante du soleil.
J’ai en effet vu dans cette chambre comme une chambre noire, un unique point de lumière au centre, faisant exister la pièce.
J’ai donc effectué des images durant le confinement puis ai décidé d’y retourner et de le faire de manière encore plus rigoureuse. A savoir une photo toutes les heures entre le lever et le coucher de soleil, durant une semaine.
En amont, j’ai eu la sensation de mettre en place un automatisme, dénué d’intellectualisation et d’affect. Une sorte de méthodologie stricte. M’est revenue l’émotion que me suscitait les images de Bernd et Hilla Becher, ou encore de Karl Blossfeldt. Leur méthodologie stricte et implacable rendant paradoxalement humains et mouvants des objets colossaux et austères ou des plantes hors de leur élément.
Il était pour moi au départ question d’une sorte d’écriture automatique. Sans affect, ni pensées en amont. A l’instar de l’écriture automatique d’André Breton. Celle-ci impliquait un total détachement du cérébral pour entrer dans un état de transe, afin que parle uniquement le subconscient ; l’ailleurs.
Au moment de la prise de vue ces photographies ont été prises dans un état ni de transe ni de veille mais dans une sorte de non implication intellectuelle.
2020, Agon-Coutainville