Sandra Petit : "on en apprend tous les jours c'est enrichissant"

Sandra Petit est agent hospitalier, technicienne de laboratoire, à l’hôpital Robert Debré.

Hugo Franch, Stan Joubert, Ambre Lacoua, Ennio Lombardo et Louis Sabot, élèves 2nd BAC professionnel RPIP l’ont rencontrée le 6 novembre 2020 en visio.

Bonjour ! Comment vous appelez vous ? Quel est votre métier ? Dans quel hôpital travaillez-vous ?

Bonjour, je m’appelle Sandra Petit, je suis agent hospitalier à l’hôpital Robert-Debré c’est l’endroit où on reçoit tous les prélèvements de l'hôpital.

En quoi consiste votre métier ?

 

Nous sommes une unité qui réceptionne tous les prélèvements qui viennent de l’extérieur aussi bien que ceux qui viennent de l’hôpital pour les enregistrer et les dispatcher dans les différents laboratoires et dans les autres hôpitaux que ce soit en province ou à l’étranger.

« J’aime bien cette situation où on travaille dans un climat assez spécial,

je ne le prends pas comme une situation catastrophique »

Quels sont les changements qui sont arrivés à cause du COVID-19 ?

 

On prenait déjà des précautions mais maintenant c’est encore plus soutenu qu’auparavant. Nous avons dû utiliser des matériels indispensables maintenant concernant le masque, les gants ou encore les lunettes. Plus d’heures de travail car des collègues ont dû arrêter donc on travaillait plus.

 De mon côté on est censés s’attendre à des choses comme ça et on gère comme on peut et on attend que ça se passe.

 

Quelle a été la pire période pour vous ?

 

Vous allez trouver ça bizarre mais j’aime bien cette situation où on travaille dans un climat assez spécial et je ne le prends pas comme une situation catastrophique, je trouve qu’on en apprend tous les jours et je trouve ça enrichissant. Je n’ai pas trouvé de choses contraignantes.

 

Est-ce que votre métier est à risque ? Si oui, pourquoi ?

 

Il est à risque parce que les fluides corporels peuvent être contagieux. Par exemple une personne qui contracte le VIH, si on fait la technique de la centrifugeuse et qu’on se contamine cela est très dangereux et c’est pareil pour le COVID.

 

Avez-vous senti le soutien de la population ?

 

Oui ce fut bref mais il y en a eu. De temps en temps on a des gens de la rue qui nous félicitent, je vois le soutien ils nous remercient beaucoup de fois.

 

Comment se passe une journée classique hors COVID-19 ?

 

C’est à peu près la même chose sauf qu’en période de Covid on fait plus attention à ce que l’on reçoit.

 

Quels types d’objets utilisez-vous quotidiennement ?

 

On utilise des pipettes, des tubes stériles, beaucoup de matériel de décantations etc…

 

Ressentez-vous des craintes depuis l’apparition du COVID-19 ?

 

Au début oui, comme tout le monde on ne savait pas où on allait. On ne savait pas se protéger ou comment travailler mais maintenant ça va on sait ce qu’il faut faire.

« Franchement je n’avais pas de stress,

on sait dans quoi on s’engage dans ce genre de situation. »

Quelles sont les différences que vous avez remarqué dans votre travail depuis l’apparition du COVID-19 ?

 

Au départ, on avait une charge importante au sein de l’hôpital et on a assez vite vu que le Covid a pris le dessus sur l’ensemble des pathologies de l’hôpital. Du coup on s’est retrouvés rapidement avec des batteries d’examens Covid qu’on avait pas eu auparavant et tous les examens qu’on avait pas en temps normal. Il y a donc eu pas mal de boulot.

 

Est-il possible qu’après tout cela, des agents de laboratoire ou autres décident de démissionner de leur travail ?

 

Je pense qu’il y a beaucoup de collègues qui changeront de travail de toute façon, les problèmes ne sont pas d’aujourd’hui.

 

Etiez-vous en contact avec les malades ?

 

Non, juste avec leurs prélèvements.

 

Quel impact cela a-t-il eu sur votre vie familiale et sociale ?

 

Il n’y a pas eu d’impact car mes enfants ont compris ce qu’il se passait et me soutenaient. Ma vie sociale n’a pas forcément changée, certes on ne sort plus, on ne va plus au restaurant, au bar mais on garde toujours contact avec les gens. Il vaut mieux se mettre de côté un moment, que ça aille mieux et qu’on refasse tous la fête plus tard plutôt que de faire n’importe quoi.

 

Comment gérez-vous votre stress ?

 

Franchement je n’avais pas de stress, on sait dans quoi on s’engage dans ce genre de situation.

 

Quel impact a eu le COVID-19 sur vos revenus ?

 

Tout le monde sait que nous avons eu une prime spéciale grâce au COVID-19, et l’augmentation qui était prévue mais on peut faire toujours mieux.

 

Comment avez-vous ressenti la tension entre votre colère sur la gestion de la crise par le gouvernement et par rapport à votre devoir éthique ?

 

Personnellement, c’est sûr que c’est très dur d’entendre ce que dit le gouvernement et ce que nous vivons sur le terrain car ce sont deux choses différentes. Et forcément les médias ne disent pas tout ce qui se passe et comme il le faudrait.

Et ce qui est le plus énervant c’est de voir les gens dehors ne pas respecter les règles. Nous mettons nos vie et celles de nos familles en danger pour sauver d’autres gens et on dirait qu’il y a des gens qui n’en ont pas conscience ou qui ne vivent pas dans le même pays.

 

Si vous aviez un message à faire passer aux personnes, que serait-il ?

 

Si j’avais un message à faire passer, c’est que les gens doivent ouvrir les yeux, qu’ils arrivent à ne pas penser qu’à leur petite personne et pensent aux autres. Nous on n’est pas des magiciens, si on a plus de place on a pu de place.

Propos recueillis par :

Hugo Franch

Stan Joubert

Ambre Lacoua

Ennio Lombardo

Louis Sabot